Jean-François Harvey a fondé Harvey Law Group (HLG) à Montréal, Canada, en 1992. Après des études de droit à l’université d’Ottawa, M. Harvey a été reçu au barreau de Québec en 1992. Actuellement membre du barreau de Québec et de l’Association des Barreaux Canadiens, il est un expert reconnu en droit de l’immigration et propose un large éventail de services juridiques aux entreprises et aux particuliers aisés.
ALB : Parlez-nous de votre carrière juridique et de ce qui vous a conduit à occuper votre poste actuel.
- Harvey : dès mon plus jeune âge, j’ai marché sur les traces de mon père, qui avait pris sa retraite en tant que juge au Canada, et ai compris que le chemin que je souhaitais suivre me conduirait à diriger mon propre cabinet. Et c’est ainsi que, le jour suivant mon inscription au barreau, j’ai fondé mon propre cabinet d’avocats, assumant ainsi le rôle de directeur dès le premier jour. De manière plus traditionnelle, il faut aux avocats des années de patience et de formation pour assumer ce rôle et les responsabilités qui vont avec (qu’elles soient bonnes ou mauvaises) ; pour ma part, je me suis jeté à l’eau tout de suite et je n’ai pas regardé en arrière en 28 ans.
ALB : Quels ont été les points clés de votre expérience en tant que directeur ?
- Harvey : j’essaie de ne pas oublier nos débuts très modestes, tant à Montréal qu’à Hong Kong. Me remémorer les luttes des premiers jours me fait apprécier tout le chemin que nous avons parcouru en tant que cabinet. C’était un défi que j’ai relevé et qui a permis de faire de moi l’avocat et l’homme d’affaires que je suis aujourd’hui. Le point clé de mon expérience en tant que directeur est probablement la croissance mondiale du cabinet (qui d’ailleurs n’a de cesse de se développer !).
ALB : Quelles leçons de leadership avez-vous apprises ?
- Harvey : Les bons leaders savent écouter ! Le leadership est avant tout à propos des personnes, vous ne pouvez pas diriger un groupe de personne sans savoir les écouter. Au bout du compte, nous essayons tous d’atteindre le même but. Bien que mon travail consiste à assurer la direction générale du cabinet (et à en payer les factures), ce serait une erreur de ne pas demander l’avis de mes collègues, non seulement sur les défis quotidiens auxquels ils sont confrontés, mais également sur leur vision de ce que le cabinet devrait accomplir ensuite. Ce serait un gaspillage d’opportunités que de ne pas demander l’avis de ceux qui continuent à construire le cabinet jour après jour. Après toutes ces années, je suis clairement devenu un adepte d’un style de management partant de la base, par opposition au style de management pyramidal.
ALB : comment décririez-vous la stratégie d’Harvey Law Group ?
- Harvey : Nous sommes toujours prêts à explorer de nouveaux marchés. Cela dit, ayant l’expérience de l’implantation dans de nouveaux pays, nous comprenons la nécessité de faire les choses correctement et d’embaucher autant de personnels locaux que possible dans nos bureaux à l’étranger. Nous cherchons à trouver un juste équilibre et à préserver la culture locale en l’intégrant à la culture de notre entreprise. Cela nous apporte le meilleur des deux mondes.
ALB : Quels sont les principaux défis auxquels le cabinet a été confrontés au cours des derniers mois, et comment comptez-vous les surmonter ?
- Harvey : Le COVID-19 nous a incontestablement tenu occupés et nous a obligés à nous développer plus rapidement que nous ne l’avions prévu. Les demandes pour notre spécialisation sont plus importantes que jamais, c’est une réalité dont nous avons conscience sans pour autant nous reposer sur nos lauriers. En tant que manager, j’ai remarqué que le COVID-19 a accru le besoin de rassurer nos collègues, car notre personnel, dans tous les bureaux, a vu des amis et des proches dans des situations difficiles. Dès le début, nous avons donc mis en place de nouveaux systèmes pour garantir un environnement de travail sûr et offrir une certaine flexibilité (par exemple, le travail à domicile) lorsque cela était nécessaire.
ALB : Comment pensez-vous que la pandémie va remodeler la façon dont votre cabinet travaille et le secteur des services juridiques ?
- Harvey : Comme je l’ai mentionné, la pandémie a été un moteur de croissance pour nous. Bien que nous ne puissions que nous réjouir du retour à une certaine normalité, nous savons que les demandes continueront à augmenter, comme cela a été le cas au cours des 12 dernières années. Le succès du cabinet durant cette période n’aurait pas été possible sans son personnel qui a su pleinement s’adapter à la flexibilité du travail. C’est pour cela que nous avons toujours placé le respect, la compréhension et l’honnêteté au cœur de notre culture d’entreprise. Si la pandémie n’a pas remodelé le mode de fonctionnement de notre cabinet, elle nous a cependant ouvert les yeux sur la nécessité d’être flexible. Peut-être cette pandémie rendra-t-elle l’ensemble du secteur juridique un peu plus flexible et technophile.
ALB : Dans quelle mesure la culture d’entreprise est importante dans un cabinet d’avocats ? Quel type de culture d’entreprise cherchez-vous à favoriser ?
- Harvey : Une culture d’entreprise est importante, mais cela ne veut pas dire que nous devrions la globaliser dans son intégralité. Nous avons une culture d’entreprise internationale que nous appliquons au niveau de chaque bureau sans pour autant que cela soit au détriment de la culture d’entreprise locale propre à chaque bureau.
Tant que nous parvenons à travailler ensemble au niveau mondial, il n’y a aucune raison de créer un conflit entre les différentes cultures d’entreprises.
ALB : À ce propos, comment décririez-vous votre stratégie de recrutement et comment vous y prenez-vous pour conserver les nouveaux talents ? Quels types d’avocats pourrait le mieux correspondre à votre cabinet ?
- Harvey : Il n’y a pas de profil type, nous acceptons les spécificités de chacun de nos avocats et l’expérience ainsi que les nouvelles perspectives qu’ils peuvent apporter au cabinet.
Mais lorsque nous cherchons à employer de nouveaux avocats, nous recherchons des avocats ouverts d’esprit, aventureux, prêts à voyager et à chercher des solutions.
Nous accordons de la valeur à nos avocats et nous leur offrons la possibilité de se développer au sein du cabinet. Nous discutons de leurs centres d’intérêt et, dans la mesure du possible, nous essayons de les satisfaire. L’essence même de la pratique juridique est d’être en constante évolution. Il est donc nécessaire que les avocats mettent continuellement à jour leurs connaissances et leurs compétences. Nous pensons également que la formation est un atout majeur pour les employés et nous encourageons donc chacun (pas seulement les avocats) à suivre des formations susceptibles de les aider à développer leur carrière.
ALB : Comment décririez-vous votre rapport à la technologie ? Comment l’utilisation de la technologie dans votre cabinet a-t-elle évolué depuis que vous êtes à la barre et quel est votre plan pour les deux prochaines années ?
- Harvey : Comme beaucoup d’autres entreprises et organisations, nous sommes passés d’un système papier à un système informatisé. Cependant, nous essayons d’éviter les solutions de stockage en ligne pour des raisons de confidentialité. En ce qui concerne la communication, nous avons une politique stricte qui consiste à éviter les courriels ou les messages électroniques lorsque quelque chose peut être réglé par un appel téléphonique, ce qui non seulement développe le relationnel entre les équipes mais permet également d’éviter toute mauvaise communication. WhatsApp et autres applications de ce type présentent certains avantages, mais ne doivent en aucun cas devenir le principal moyen de communication.
ALB : Quelles sont les clés de la réussite sur ce marché pour une entreprise de votre taille et ayant votre spécialité ? Quelles sont vos réussites actuelles et quelles sont les améliorations possibles ?
- Harvey : Être ouvert d’esprit, orienté vers les solutions et n’hésitant jamais à remettre en question le statu quo. La communication est toujours un défi, surtout en raison de l’emplacement de nos bureaux. Cependant, nous maintenons une « politique de la porte ouverte » ainsi que des discussions régulières avec le personnel afin de nous améliorer de toutes les manières possibles.
ALB : Comment imaginez-vous Harvey Law Group d’ici 5 ans ?
- Harvey : Grâce à un travail acharné, le cabinet s’est renforcé jour après jour, jusqu’à compter aujourd’hui 22 bureaux dans le monde. Dans cinq ans, nous nous efforcerons d’atteindre 40 bureaux, cependant il est important de garder à l’esprit que rien n’est jamais acquis.
ALB : Quelle est votre devise ?
M. Harvey : Ne pas réveiller le lion qui dort. Personne n’est indispensable ; les cimetières sont remplis de gens indispensables.
Article: LegalBusinessonline.com